Marc 19, 9-15

la parole consolidée par les signes qui l’accompagnent

Jacques Cazeaux

Marc, le lion du désert, p. 333s

 

          Quant à eux, étant sortis, ils proclamèrent partout, le Seigneur travaillant avec eux et consolidant la parole par l’intermédiaire des signes qui accompagnaient. Telle est la dernière phrase de l’évangile de Marc. Le mot signe pourrait se traduire par merveilles. Ils ne sont signes de rien, ce sont des feux d’artifice glorieux qui accompagnent, au sens de suivre, la parole des Onze, laquelle relaie celle de Jésus, celle-ci disant la Bienheureuse Annonce, la Parole de Dieu.

 

            Comme les pages bien plus développées de l’Apocalypse, celles, par exemple, où les puissances du Mal sont retenues, déboutées, anéanties, ici les quelles phrases de Marc sont à la fois des signes positifs, puisque le mal est dominé, mais tout de même encore des signes négatifs, puisque le mal est encore là. Cela dit, les signes vont, parcourant en résumé l’univers humain, et si c’est pour soigner, ils brillent, tels des éclats de l’exubérance due à la Résurrection. Ils ne sont pas des signaux extérieurs à la réalité, comme serait un pur miracle. En effet leur énumération appuyée offre un tableau des misères humaines, et c’est alors la vision salvatrice du passage de ce bien dans le bien, de cette mort dans la vie. Ces lignes jouent un peu comme une apocalypse où la misère serait purifiée, sauvée, mais dans le champ des hommes au lieu de se dérouler sous la fracas distrayants de combats titanesques. Et il s’agit bien du Terme, du nouveau monde auquel aspirent les dites apocalypses, soit de l’Eden à retrouver : en effet ce ne sont plus les messagers qui bénéficient de la gloire des signes, mais bien tous ceux qui croiront. C’est donc un Jugement dernier dont le raccourci donne les critères.

 

            Aussi bien, reprenant les premiers mots de Jésus : Allez dans tout l’univers, proclamez la Bienheureuse Annonce à toute la création, les derniers mots de l’épisode et du texte de l’évangile de Marc réajustent les signes à la Parole. Quant à eux, ils proclamèrent partout, le Seigneur travaillant avec eux et consolidant la parole par les signes qui accompagnaient. La proclamation sera celle de la Bienheureuse Annonce prévue dans le titre même de l’évangile de Marc, son premier verset. Mais le sens de l’Annonce est maintenant transfiguré : il s’agit désormais de proclamer en annonce la Parole, soit maintenant et à jamais tout l’ensemble du destin de Jésus, mais repris en sa Résurrection effective, c’est-à-dire plongée dans le mystère de Dieu.