Actes 21, 1-26

« Agabus vint à nous, et prenant la ceinture de Paul… »

Père Divo Barsotti

Les Actes des Apôtres, p. 442s

 

          Dans un acte symbolique, comme Jérémie, comme Ezéchiel, le prophète Agabus annonce ce qui va arriver à Paul. Il se lia les mains et les pieds en disant : Ainsi parle l’Esprit-Saint : l’homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le livreront ainsi à Jérusalem, et ils le livreront aux mains des païens. Le rapport entre Paul et Jésus devient de plus en plus étroit. Paul revit la Passion de son Seigneur : Le Fils de l’homme doit être livré aux mains des hommes, dit Jésus. Jésus lui-même annonce sa mort, il n’a pas besoin qu’un autre la lui prédise. Paul sentait bien que des tribulations et des chaînes l’attendaient, mais maintenant l’Esprit-Saint le lui dit ouvertement ; la prophétie lui arrive du dehors, l’Esprit-Saint lui parle par le moyen d’Agabus, mais ce sont les paroles mêmes du Christ. Son ministère doit se terminer comme celui du Christ, par un témoignage qu’il rendra devant un tribunal : d’abord devant le tribunal suprême du judaïsme, le sanhédrin, puis devant le tribunal de l’Empire, devant César.

            Le procès du Christ avait eu lieu à Jérusalem. Celui de Paul va commencer dans la même ville, mais se terminera à Rome. Pour le Christ, le procès commence devant le sanhédrin et se termine devant le proconsul Ponce Pilate ; pour Paul, il se termine en présence du César romain lui-même. Le message acquiert ainsi le maximum de publicité devant le plus grand tribunal du monde. L’homme à qui appartient cette ceinture sera lié ainsi par les Juifs, annonce le prophète. Comme dans la Passion de Jésus, c’est le judaïsme qui accuse Paul, et ensuite il sera remis entre les mains des païens. Paul ne vit rien d’autre que le martyre du Christ. La participation de tout disciple au mystère du Christ sera d’autant plus vraie que son témoignage se terminera par un vrai martyre. Dans le martyre s’accomplit l’imitation parfaite de Celui qui a aimé jusqu’à donner sa vie.

            Paul sera enchaîné par les Juifs à Jérusalem, et ensuite il sera livré aux mains des païens. Entendant ces paroles, dit le livre des Actes, nous-mêmes et ceux qui étaient en ce lieu nous priâmes Paul de ne pas aller à Jérusalem. Là encore se répète la scène de l’évangile. Mais Paul, comme Jésus, repousse ceux qui voudraient le soustraire à la Passion.

            Dans l’Evangile, les disciples abandonnent leur Maître. Ici, non : les disciples ont reçu l’Esprit. L’Eglise est née. Les disciples, après un moment de désolation, embrassent Paul et s’abandonnent avec lui à la volonté de Dieu : Que le volonté de Dieu soit faîte !