Actes 27, 1-20

La spiritualité pacômienne

Sœur Véronique

Initiation au monachisme des premiers siècles chrétiens, p. 82s

 

          L’Ecriture Sainte est au centre de la vie du moine qui doit l’apprendre par cœur afin de pouvoir la réciter au long de ses journées, et ceci dès son arrivée au monastère. Le moine doit s’efforcer de la comprendre et d’en faire l’inspiration de sa vie. Elle lui est constamment commentée par ses supérieurs hiérarchiques ; après avoir écouté leur catéchèse, il partage avec ses frères ce qu’il a retenu, puis il entre dans sa cellule pour la méditer. Les frères se réunissent matin et soir pour réciter, ou écouter un frère réciter la Parole de Dieu et s’en laisser imprégner. La petite lumière qui guide les frères, c’est l’Evangile, vérité divine.            Toute la vie du moine est contrée sur l’union à Dieu dans la prière. Cette union prend surtout la forme d’une récitation constante de l’Ecriture. Elle ne peut se réaliser sans renoncement à tout ce qui n’est pas Dieu : renoncement au péché, au monde, à la famille, à la volonté propre. Et tous ces renoncements constituent l’essence de la vie monastique pacômienne.

            L’important, pour Pacôme, ce n’est pas d’abord l’expérience sensible de Dieu par les sens spirituels, mais la foi et une vie conforme à l’Evangile. Ceci explique que l’on ne parle guère de contemplation dans la spiritualité pacômienne. Toute la vie du chrétien et celle du moine est un combat contre le péché qui, par la porte des sens, pénètre l’homme.

            On vient au monastère pour se convertir. Aucun pécheur ne se voit fermer la porte du monastère s’il est disposé à se convertir. Mais quiconque ne veut plus faire d’effort de conversion n’a plus de place dans la négligence. Pacôme considère l’âme comme un champ où tous les fruits de l’Esprit de Dieu ont été semés lors du baptême, et le démon est toujours à l’affût pour mettre ses fruits à la place. Même si le moine mène une vie d’extrême ascèse,  s’il se néglige sur un point, il ouvre la porte au démon qui a alors libre cours.

            Un seul cœur avec ton frère, dit Pacôme. Les frères doivent se considérer comme responsables et responsables de l’esprit de la communauté, sous la direction des supérieurs. On se sert les uns les autres dans d’humbles tâches. On se sert avec simplicité. Le partage des biens est intégral. Chacun reçoit selon ses besoins. La communion fraternelle se vit dans la prière se vit dans la prière, certes, mais aussi dans les biens matériels ; cela ne fait qu’un.

            En tout cela, vous trouvez la trace évidente d’une spiritualité monastique qui a fortement inspiré  saint Benoît.