Actes 23, 12-35

L’Esprit principe vivifiant la Foi et l’Eglise

Saint Irénée

Contre les Hérésies, III, 24, 1, p. 394s

 

          La prédication de l’Eglise présente à tous égards une inébranlable solidité, demeure identique à elle-même et bénéficie du témoignage des prophètes, des apôtres et de tous leurs disciples, témoignage qui englobe le commencement, le milieu et la fin, bref la totalité de l’ économie de Dieu et de son opération infailliblement ordonnée au salut de l’homme et fondant notre foi. Dès lors, cette foi, que nous avons reçue de l’Eglise, nous la gardons avec soin, car sans cesse, sous l’action de l’Esprit de Dieu, telle un dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, elle rajeunit et fait rajeunir le vase même qu’elle contient.

          C’est à l’Eglise elle-même, en effet, qu’a été confié le Don de Dieu, comme l’avait été le souffle à l’ouvrage modelé, afin que tous les membres puissent y avoir part et être par là vivifiés ; c’est en elle qu’a été déposée la communion avec le Christ, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, arrhes de l’incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de notre ascension vers Dieu, car dans l’Eglise, est-il dit, Dieu a placé des apôtres, des prophètes, des docteurs, et tout le reste de l’opération de l’Esprit. De cet Esprit, s’excluent tous ceux qui, refusant d’accourir à l’Eglise, se privent eux-mêmes de la vie par leurs doctrines fausses et de leurs actions dépravées. Car là où est l’Eglise, là aussi est l’Esprit de Dieu ; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute grâce. Et l’Esprit est Vérité. C’est pourquoi ceux qui s’excluent de lui ne se nourrissent pas non plus aux mamelles de leur Mère en vue de la vie ils se creusent des citernes crevassées, faites de trous de terre et boivent l’eau fétide d’un bourbier : ils fuient la foi de l’Eglise de crainte d’être démasqués, et ils rejettent l’Esprit pour n’être pas instruits. Devenus étrangers à la vérité, il est fatal qu’ils roulent dans toute erreur et soient ballotés par elle, qu’ils pensent diversement sur les mêmes sujets suivant les moments et n’aient jamais de doctriné fermement établie, puisqu’ils veulent être sophistes de mots plutôt que disciples de la vérité. Car ils ne sont pas fondés sur le Roc unique, mais sur le sable, un sable qui renferme des pierres multiples.