Actes 87, 1-14

Pour une théologie de l’Esprit-Saint

Père René Coste

L’Evangile de l’Esprit, p. 29s

 

           Le mystère de la Personne de l’Esprit-Saint est ce qu’il y a de plus difficile à penser au sein du Mystère trinitaire. Le Père Congar cite opportunément cette confidence de saint Augustin : Sur le Père et le Fils, nombreux sont les livres écrits par des hommes savants et spirituels… Au contraire, l’Esprit-Saint n’a pas encore été étudié avec autant d’abondance et de soin par les doctes et grands commentateurs des divines Ecritures, de telle sorte qu’il soit aisé de comprendre également son caractère propre, qui fait que nous ne pouvons l’appeler ni Fils, ni Père, mais seulement Esprit-Saint.

          Nous n’avons plus à déplorer une telle pauvreté théologique. Nous bénéficions, depuis, de tant de travaux, dont la Trinité de saint Augustin lui-même, et de tant de témoignages de mystiques ! Toutefois, la difficulté de penser le mystère de la Troisième Personne demeure. C’est qu’il dépasse tellement les potentialités de compréhension de l’intelligence humaine qu’elle ne peut que balbutier à son sujet. Et, cependant, ce balbutiement peut se révéler un prodigieux accomplissement, car la nuit obscure de la foi est une lumière qui dépasse incomparablement celle de la simple raison. La vraie solution est celle qu’a imaginée saint Augustin lui-même : il a prié, il s’est mis à l’écoute de l’Esprit-Saint et il s’est consacré, pendant des années, à l’élaboration d’une théologie trinitaire qui reste l’une des grandes œuvres théologiques du Christianisme. La prière est fondamentale, car la lumière sur le mystère de Dieu ne peut venir que de Dieu lui-même. Elle doit être à la fois supplication fervente, ouverture et désir du cœur en profondeur, disponibilité et humble adhésion de tout notre être, suivant les poétiques expressions de la prière mystique de saint Siméon le Nouveau Théologien : invocation du Saint-Esprit par celui qui déjà le voit : Viens, lumière véritable. Viens, vie éternelle. Viens, mystère caché. Viens, trésor sans nom. Viens, réalité ineffable. Viens, personne inconcevable. Viens, toi qu’a désiré et désire mon âme misérable. Viens, toi le Seul, au seul, puisque tu le vois je suis seul. Viens, toi qui m’as séparé de tout et fais solitaire en ce monde. Viens mon souffle et ma vie. Viens, consolation de ma pauvre âme. Viens, ma joie, ma gloire, mon désir sans fin. Ce grand solitaire a été un témoin passionné de l’Esprit ; ses poèmes sont du feu.