Colossiens 2,16 – 3,4
Sur les lumières
Saint Grégoire de Nazianze
Discours 39, 9, SC 358, p. 161s

Frères, là où il y a observation des commandements, il y a purification de la chair, ce nuage qui fait écran devant l’âme et ne laisse pas voir dans sa pureté de rayon divin ; là où il y a purification, il y a illumination, et l’illumination, c’est le rassasiement du désir chez ceux qui tendent vers les réalités les plus grandes, celles qui surpassent toute grandeur. Il nous faut donc en premier lieu nous purifier, et n’avoir contact qu’après cela avec la pureté vraie et plénière, si nous ne voulons pas être dans la même situation qu’Israël qui ne supportait pas la gloire du visage de Moïse, et, pour cette raison, avait besoin d’un voile.
Ou encore nous serions comme Manoah et nous dirions : Nous sommes perdus, femme, nous avons vu Dieu, car Dieu lui était apparu.
Ou bien, comme Pierre, nous renverrions Jésus de notre barque, n’étant pas digne d’une telle présence, et quand je dis Pierre de qui veux-je parler ? De celui qui marcha sur les flots.
Ou, comme Paul, nous perdrions la vue, ce qui lui arriva avant qu’il ne se fût purifié d’avoir été persécuteur, lorsqu’il fut en contact avec celui qu’il persécutait, ou plutôt lorsqu’il vit une brève lueur de la grande lumière.
Ou, comme le centurion, nous rechercherions la guérison, mais, à cause d’une timidité qui attire des éloges, nous ne recevrions pas dans notre maison celui qui guérit. Et que tel ou tel d’entre nous dise, tant qu’il n’est pas encore purifié, tant qu’il est toujours centurion, c’est-à-dire chef d’un grand nombre dans le vice, et tant qu’il sert dans l’armée de César, le maître du monde de ceux qui roulent dans les bas-fonds, qu’il dise : Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit.
Mais, lorsqu’il verra Jésus, même s’il est de petite taille au point de vue spirituel, comme le fameux Zachée, et lorsqu’il se sera élevé sur le sycomore en mortifiant ses membres terrestres, et en montant au-dessus de son corps de bassesse, alors seulement qu’il reçoive chez lui le Verbe, et qu’il entende : Aujourd’hui, c’est le salut pour cette maison, qu’il obtienne le salut et qu’il porte des fruits plus parfaits en épandant et en dispersant pour le bien ce qu’il a mal acquis comme publicain.