1 Jean 1, 1-10

Dieu est lumière

Flemming Fleinert-Jensen

Commentaire de la première Epître de Jean, p. 30s

 

          Le message de Jean n’est pas nouveau. Il vient de Jésus lui-même et proclame que Dieu est lumière. On ne trouve pas cette expression dans la prédication de Jésus telle qu’elle se présente dans les évangiles synoptiques, mais elle rappelle l’évangile selon Jean qui parle du Christ comme lumière dans le monde. Le Christ est la lumière du monde, parce qu’il vient de Dieu et parce qu’il est pénétré par la lumière de Dieu. Il est le transparent de Dieu dans le monde, l’image de Dieu qui se dévoile. La lumière, c’est l’éternité, le monde de Dieu, et ses rayons sont devenus visibles dans les ténèbres de notre monde.

            Lumières et ténèbres. Cette antithèse existe dans toutes les religions et dans tous les systèmes religieux. Ce n’est pas étonnant qu’elle ait marqué le langage de Jean ; mais Jean ne l’utilise pas pour enseigner une doctrine philosophique qui, à l’avance, situe le monde de Dieu et notre monde comme deux grandeurs bien déterminées l’une en face de l’autre. Il introduit ce contraste pour indiquer deux manières d’être. Lumière et ténèbres ne figurent pas comme la description statique d’une part de la nature divine et d’autre part de la nature créée, mais comme la description de deux attitudes différentes.

            Ici, il s’agit de l’attitude de Dieu. Que Dieu soit lumière, sans ombres et sans ténèbres, cela signifie d’abord qu’il est tout à fait ce qu’il est. Il n’est pas ceci-cela, il ne contient pas de contrastes. Ensuite, cela montre que Dieu est ce qu’il est par rapport au monde. Comme la lumière ne se garde pas pour elle-même, mais répand ses rayons, de même Dieu est venu jusqu’au monde des hommes, et dans son amour sans limites il l‘a fait participer au salut. La lumière de Dieu est l’amour de Dieu.

            Les ténèbres, c’est le contraire de l’amour de Dieu. Elles signifient que le rapport avec l’amour est rompu. Quant à l’homme, elles expriment que l’homme s’est retiré de Dieu, qu’il essaie de vivre sans Dieu. Les ténèbres, c’est là où Dieu n’est pas. Dieu a accompagné sa créature avec la puissance de son amour. Le temps du commencement de la création jusqu’à l’apparition du Christ n’a pas été vide, mais rempli par l’action invisible de Dieu. Le fait nouveau, c’est qu’à travers le Christ la lumière de Dieu nous rencontre dans sa plénitude. Nous ne sommes plus renvoyés seulement à nous-mêmes lorsque, poussés par un élan inconnu, nous cherchons le bien et le beau : dans les ténèbres, une lumière s’est allumée qui peut nous mener et nous accompagner vers le monde de Dieu. Ce qui avant n’était qu’un pressentiment vague et obscur de l’origine et de la destination de la vie est maintenant devenu si clair que celui qui a perçu la lumière n’a plus d’excuse pour continuer à vivre dans les ténèbres.