Josué 5, 13 – 6, 21

Le symbolisme de la chute de Jéricho

Origène

Homélie 7 sur Josué n°1-2, SC 71, p. 195s

 

           Jéricho s’écroule au son des trompettes des prêtres.

            Oui, dès que retentirent les trompettes, les murs d’enceinte se renversèrent. Cette ville de Jéricho, dont nous voyons les solides remparts abattus par les trompettes des prêtres, est la figure du monde présent. Quelles sont donc les fortifications qui servent de murailles à ce monde ? N’est-ce pas le culte des idoles, les prédictions trompeuses obtenues par les manœuvres diaboliques, les inventions mensongères des astrologues, des devins et des mages, toutes choses dont le monde s’entoure comme de remparts puissants ? Sans oublier les thèses diverses des philosophes, les idéologies dominantes nées dans les cercles des maîtres à penser. Voilà les forteresses élevées et imposantes derrière lesquelles ce monde-ci se retranche.

            Mais lorsque vient notre Seigneur Jésus-Christ dont le fils de Noun symbolisait l’avènement, il envoie des prêtres lui aussi : ses apôtres. Eux portent en guise de trompettes le message magnifique et divin de la Bonne Nouvelle.

            Le premier, dans son évangile, Matthieu fit retentir la trompette des prêtres. Marc, à son tour, Luc et Jean ont embouché chacun la leur. Pierre aussi a fait résonner les deux trompettes de ses Lettres ; de même Jacques et Jude. Jean par ses épîtres et Luc par ses écrits des Actes des Apôtres font vibrer encore les leurs. En dernier lieu arrive celui qui affirme : J’estime que Dieu a fait de nous les derniers des apôtres ; par les trompettes de ses quatorze lettres, il foudroie les murs de Jéricho et renverse jusqu’aux fondements des idoles que les hommes se fabriquent et les thèses des philosophes.

            Ecoute donc notre Sauveur exhorter ses soldats : Ayez confiance, j’ai vaincu le monde. C’est lui notre chef ; pour nous le monde est déjà vaincu : ils sont tombés les murs sur lesquels s’appuyaient les hommes de ce monde.

            Mais cette victoire, chacun doit la compléter en soi-même. Tu as en toi ton chef, Jésus, qui te conduit par la foi. Si tu es prêtre, fais-toi des trompettes à partir des Saintes Ecritures : puise en elles tes pensées, puise en elles tes paroles. Fais sonner ces trompettes, c’est-à-dire : fais chanter les psaumes, les cantiques spirituels, fais sonner les révélations des prophètes, les mystères de la Loi, la doctrine des apôtres. Si tu fais sonner ces trompettes-là, si tu fais sept fois le tour des murailles en portant l’arche de l’Alliance, si tu ne sépares pas les commandements de la Loi, lus d’une manière spirituelle, des trompettes de l’Evangile, alors fais chanter ta joie : pour toi le monde est abattu, il est renversé !