Juges 7, 1-8 + 16-22

Gédéon

Père Alphonse Viard

Le livre des Juges, VS 82, 1950, p. 521s

 

          L’intervention de Dieu est parfaitement présente dans l’histoire de Gédéon. Des tribus nomades, les Madianites, venues du désert de Transjordanie, envahissent avec leurs troupeaux, au temps de la moisson, le pays des Hébreux sédentaires, trop faibles pour les contenir, et s’emparent de tout ce qui leur tombe sous la main.

L’ange de Dieu apparaît à Gédéon ; celui-ci n’est, dit-il, que le plus petit d’une famille qui est la dernière de la tribu de Manassé. Malgré cela, c’est lui que Dieu choisit. Et c’est Dieu lui-même qui, dans le récit primitif, apparaissait ! On le voit par la suite du texte où l’on a quelquefois omis de le remplacer par son envoyé. Et c’est lui qui se fait reconnaître en consumant par le feu du ciel l’offrande que Gédéon lui présentait.

C’est alors l’appel aux armes. On reprend courage. Une armée nombreuse se rassemble ; mais il doit suffire de quelques hommes, trois cents divisés en trois bandes, pour remporter la victoire afin qu’elle apparaisse plus nettement comme l’œuvre de Dieu. Et les Madianites eux-mêmes sont appelés à le proclamer : Dieu a livré Madian et toute son armée.

Les nomades expulsés, Israël respire. Gédéon, le plus petit d’entre eux, de la dernière famille de sa tribu, a délivré son peuple. On lui offre la royauté : Sois notre maître, toi, ton fils et les fils de tes fils, car tu nous as délivrés de Madian. Mais Gédéon est un homme avisé. Sa réussite a provoqué la jalousie de la grande tribu voisine, Ephraïm. Il ne peut réussir sans elle. Il refuse donc. Il ne s’en efforcera pas moins de garder la réalité du pouvoir, et même certainement ses apparences.

En ce temps-là, pouvoir politique et pouvoir religieux n’étaient pas nettement distingués. Gédéon se fait remettre l’or ramassé dans le pillage du camp des Madianites. Il en fait un éphod qu’il installe dans sa résidence. Cet objet peut être une représentation de la divinité ou un instrument de divinisation. De toute manière, il sert à un culte auquel on vient d’un peu partout prendre part. Ainsi  s’exerce l’autorité, bien établie, de Gédéon.