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2° dimanche de careme, 2° lecture

Sur Exode 13,17-14,9
La route sinueuse de la foi

Origène
Sources Chrétiennes 321, Homélies sur l’Exode, Homélie 5, 3, p. 157s

Voyons ce que Dieu dit à Moïse, quelle route il a ordre de choisir : Change de direction, avance face à Béelséphon. Tu croyais que le chemin indiqué par Dieu ne comporte rien de difficile ou de pénible : or c’est une montée et une montée sinueuse. En effet, il ne va pas en descendant le chemin pour où on tend aux vertus, mais on monte, et c’est une montée resserrée, difficile. Ecoute le Seigneur le dire dans l’Evangile : Combien étroite et resserrée est la voie qui mène à la vie ! Vois donc combien l’Evangile est en harmonie avec la Loi ancienne : dans la Loi, on présente la voie de la vertu comme une montée sinueuse ; dans les Evangiles, on dit étroite et resserrée la voie qui mène à la vie. C’est bien le même Esprit qui a écrit et la Loi et les Evangiles.
Le chemin où on s’avance est donc une montée sinueuse : bien des obstacles, bien des tentations s’opposent à ceux qui veulent agir selon Dieu. Dans la foi, on rencontre bien des difficultés, des problèmes, des objections, des oppositions venant de la part d’incroyants. Tel est donc le chemin qu’ont à gravir ceux qui suivent Dieu.
Ecoute ce que Pharaon déclare en voyant les enfants d’Israël changer de route sur l’ordre de Dieu : Ces gens-là s’égarent. Pour pharaon, celui qui marche avec Dieu s’égare. C’est que le chemin de la sagesse est sinueux avec de nombreux tournants, maintes difficultés, et bien des détours. Confesser qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et affirmer en même temps que le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont un seul et même Dieu, combien tortueux, combien difficile, combien inextricable cela paraît aux incroyants ! Ajouter ensuite que le Seigneur de majesté a été crucifié, qu’il est le Fils de l’homme descendu du ciel, de telles affirmations leur paraissent totalement déconcertantes et incompréhensibles ! Qui les entend, si ce n’est avec foi, ne peut que dire : Ces gens-là s’égarent.
Mais toi, sois ferme, ne mets pas en doute une telle foi, c’est Dieu qui te montre cette route de la foi. Fuis l’Egypte, viens à ces lieux, viens vers ces montées des œuvres et de la foi. Si tu fais cela, tu parviendras.

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samedi de la 1ere semaine de careme

Exode 12,37-49 . 13,11-16
Béni soit Dieu qui nous a délivrés

Saint Jean Chrysostome
Troisième catéchèse baptismale, n° 5-25

Béni soit Dieu qui seul fait des merveilles ! Il a tout formé, il a tout réformé. Ceux qui hier étaient des captifs sont aujourd’hui des hommes libres, des citoyens de l’Eglise. Ceux qui, autrefois, étaient dans la honte du péché sont pleins d’assurance dans la justice. Ils ne sont pas seulement libres, ils sont saints ; pas seulement saints, mais justes ; pas seulement justes, mais fils ; pas seulement fils, mais héritiers ; pas seulement héritiers, mais frères du Christ, ses cohéritiers, ses membres. Oui, béni soit Dieu qui seul fait des merveilles !
Revenons à la figure qui annonce tous ces bienfaits, revenons aux événements arrivés autrefois en Egypte et racontés par l’Ecriture. Dieu allait infliger la dixième plaie aux Egyptiens : il voulait supprimer leurs premiers-nés, parce que les Egyptiens retenaient son peuple premier-né. La plaie envoyée par Dieu allait fondre d’en-haut et l’Exterminateur passer de maison en maison. Que fit donc Moïse ? Immolez, ordonna-t-il, un agneau sans tache et faites sur les portes une onction de son sang. Que dis-tu Moïse ? Le sang d’un animal sans raison va-t-il sauver des hommes doués de raison ? Oui dit Moïse, mais non pas le sang en lui-même, le sang parce qu’il est la figure du sang du Seigneur.
Ce jour-là, l’Exterminateur vit le sang dont on avait fait une onction sur les portes, il n’osa pas entrer. Aujourd’hui, si le diable voit, sur les lèvres des fidèles, le sang de l’Agneau véritable oindre les portes du temple du Christ qu’ils sont devenus, combien davantage se tiendra-t-il à distance ! Car si la figure a inspiré de la crainte à l’ange, combien plus la réalité mettra-t-elle le diable en fuite !
Tu es sorti d’Egypte, ô homme, ne désire pas à nouveau l’Egypte et ses misères. Les Juifs ont vu des miracles. Toi aussi, tu vas en voir, et de plus grands, de beaucoup plus éclatants que ceux dont les Juifs furent témoins quand ils sortirent d’Egypte. Les Juifs ont traversé la mer, toi tu as traversé la mort ; ils ont quitté l’esclavage d’un barbare, toi celui beaucoup plus pénible du péché. Pour eux, ce fut, après l’Egypte, le désert ; pout toi, après l’exode, c’est le ciel. Ils avaient un guide et un chef en la personne de Moïse ; nous avons, nous, un autre Moïse, Dieu lui-même qui nous guide et nous conduit.

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vendredi de la 1ere semaine de careme

Sur Exode 12, 21-36
Sur les dix plaies d’Egypte et les dix commandements de Dieu

Saint Augustin
Œuvres Complètes, tome 19, Sermon 21, p. 535s

Ce n’est pas sans raison que le nombre des commandements contenus dans la Loi de Dieu, le Décalogue, égale le nombre des plaies dont l’Egypte a été frappé. Car de même qu’il y a, dans la Loi, dix commandements qui rappellent le peuple au culte de Dieu, de même nous lisons que les dix plaies abattirent l’orgueil des Egyptiens. Voyons donc pourquoi on nous parle, d’une part de dix commandements, et d’autre part de dix plaies. C’est à n’en pas douter que les unes étaient des blessures, les autres des remèdes à ces blessures, et qu’il fallait qu’aux blessures si dangereuses de ces dix plaies fussent opposés les dix remèdes des commandements. Ne croyez pas que ce rapport entre les commandements et les plaies soient sans importance, car, si avec l’aide de Dieu, vous voulez réfléchir attentivement, vous pourrez reconnaître que les dix commandements sont opposés, un à un et selon leur rang d’ordre, aux dix plaies. En effet, le premier commandement guérit la première plaie, le second la seconde, le troisième la troisième, et ainsi de suite jusqu’au dixième.
Prenons le dixième commandement, vous pourrez ainsi appliquer la méthode aux neuf autres. Tu ne convoiteras pas le bien d’autrui. La dixième plaie qui est opposée à ce commandement fut la mort des premiers-nés. Tous les biens qu’ils possèdent, les hommes les conservent pour leurs héritiers, et, parmi leurs héritiers, les privilégiés sont les premiers-nés. Quels sont les premiers-nés de votre cœur ? Les premiers-nés de notre cœur, n’est-ce pas la foi, car personne ne fait le bien si la foi n’est pas d’abord dans son cœur. Toutes les bonnes œuvres sont tes enfants spirituels ; mais l’aîné de tous ces enfants, c’est la foi.
Ce rapprochement et cette sorte d’opposition que nous avons essayé d’établir entre les dix commandements et les dix plaies doivent nous engager à mettre nos biens en sûreté, sous la garde de la Loi de Dieu, je dis nos biens intérieurs, ceux qui sont enfermés dans le coffre de notre conscience. Voilà notre trésor. Les vraies richesses sont : la bonne conscience, la justice, la miséricorde, la chasteté, la sobriété. Celui qui est pourvu de ces biens sera riche, lors même qu’il aurait tout perdu dans un naufrage par exemple. De plus si vous suivez bien mes conseils, si avec l’aide de Dieu vous voulez éviter le mal et faire le bien, vous serez le peuple de Dieu, vous serez délivrés de la société mauvaise des Egyptiens, je veux dire des poursuites des esprits méchants, et vous pourrez arriver heureusement à la terre promise.

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fete de sainte Bernadette, 3° lecture

Sur Jean 12, 24-26
Celui qui aime sa vie la perd
Saint Augustin
Traités de l’évangile de saint Jean, traité LI, p. 152s

Celui qui aime sa vie la perd. On peut entendre ces paroles de deux manières : la première, si vous aimez votre vie, n’hésitez pas à la perdre, en effet si vous désirez obtenir la vie qui est en Jésus Christ, ne craignez pas de souffrir la mort qui est en Jésus Christ ; la seconde, n’aimez point votre vie de peur de la perdre, n’aimez point votre vie en cette vie pour ne point la perdre dans la vie éternelle. Cette dernière interprétation est plus conforme à l’ensemble du texte évangélique où nous lisons ensuite : Celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Voici donc le sens de cette phrase : Celui qui aime sa vie, sous-entendez « en ce monde », la perd ; et celui qui la hait en ce monde également, la conserve pour la vie éternelle. Grande et admirable vérité qu’il y ait dans l’homme un amour pour sa vie et qui la perd, et une haine qui la sauve ! Votre amour pour elle est-il déréglé, c’est de la haine ; votre haine est-elle sage, c’est de l’amour ! Heureux ceux qui haïssent leur vie en la conservant, pour ne point s’exposer à la perdre en l’aimant !
Si quelqu’un veut être mon serviteur, qu’il me suive. Qu’est-ce à dire : Qu’il me suive ? Qu’il m’imite. Car Jésus Christ, dit saint Pierre (2,21), a souffert pour nous, nous laissant un grand exemple afin de marcher sur ses traces. Voici donc la proposition du Sauveur : Si quelqu’un veut être mon serviteur, qu’il me suive. Quel en sera le fruit ? Quelle en sera la récompense ? Quel en sera le prix ? Là où je suis, là sera mon serviteur. Il faut l’aimer d’un amour désintéressé afin que la récompense du dévouement à son service soit d’être avec lui. Il s’explique encore plus clairement : Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Quel sera cet honneur, si ce n’est d’être avec son Fils ? En effet, ces paroles qui précèdent : Là où je suis, là sera aussi mon serviteur, trouvent leur accomplissement dans celles qui suivent : Mon Père l’honorera. Car quel plus grand honneur peut recevoir le fils adoptif, que d’être là où est le Fils unique, non point comme l’égal de sa divinité, mais comme associé à son éternité ?

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fete de sainte Bernadette, 2° lecture

La voie spirituelle de Bernadette
Père André Ravier
Les Ecrits de Bernadette et sa voie spirituelle, p. 523s

La vie de sainte Bernadette nous apparaît comme un long chemin de grâce et de croix. Elle s’achève en une mort qui reproduit d’une façon frappante la mort de Jésus sur le Golgotha. La Vierge de Massabielle le lui avait dit sans ambages : Je ne vous promets pas de vous faire heureuse en ce monde… Heureuse d’un bonheur terrestre, s’entend, car la joie profonde des enfants de Dieu ne lui fut pas refusée !
L’origine de cette voie spirituelle, il la faut situer, sans hésiter, à la naissance même de Bernadette, le 7 janvier 1844 : ce jour-là beaucoup lui était donné, parce que presque tout lui était refusé : l’aisance familiale, le confort, la sécurité, la santé…, sauf, et c’est l’essentiel, la grâce du baptême et des parents chrétiens. Le rythme qui sera le rythme fondamental de cette existence s’affirme déjà : pauvreté terrestre, richesse de grâce : Dieu sera tout pour elle.
Les apparitions de Massabielle constituent évidemment le tournant décisif de cette voie de Bernadette. Pour elle, les apparitions sont moins des événements à la chronologie précise, que la révélation d’un message. A Massabielle, elle se sent privilégiée sans doute, mais avant tout messagère. Et de ses rencontres avec la Vierge, elle garde d’abord une impression d’infinie beauté, de splendeur de lumière, mais en contraste le sentiment très vif de la gravité du péché, et de l’urgence pour tout chrétien, pour elle la première, de participer par la prière et l’offrande de son sacrifice personnel à la rédemption du Christ. Sa vie, dès lors, en est toute transformée, non pas en surface et dans les apparences, mais dans les fibres les plus intimes de son être : c’est son regard qui n’est plus tout à fait le même, elle voit les choses et les hommes comme Dieu les voit.
Massabielle est dès lors le haut lieu de son âme. Même lorsqu’elle vit à Nevers. Dans chaque lettre, sœur Marie-Bernard demande à son correspondant de prier pour elle quand vous irez à ma chère Grotte. Selon la consigne qui lui en avait été faite, mais surtout par instinct personnel, elle ne parlait pas des faits de 1858, mais elle y pensait toujours : L’oublier, oh ! Non, jamais, c’est là, et elle montrait son cœur. Ce qu’elle a vu et entendu à Massabielle, demeure actuel, présent, au centre le plus vivant de son être. C’est de la beauté entrevue alors que lui vient son recueillement de prière et de contemplation ; c’est des certitudes acquises là-bas que lui viennent sa force, son courage sous l’épreuve ; c’est des consignes de la Vierge de Massabielle que lui viennent son amour de la Croix, son oblation pour les pécheurs, son sens du sacrifice. C’est vraiment à Massabielle qu’elle est née à la vie mystique. C’est à Massabielle que la voie spirituelle de Bernadette a pris ses véritables dimensions, que son progrès a pris son rythme.

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mercredi de la 1ere semaine de careme

Sur Exode 10,21 – 11,10
Sur les plaies d’Egypte

Saint Augustin
Œuvres Complètes, tome 19, sermon 20, p. 534s

En quelques mots, je vais vous résumer quelques explications sur les plaies d’Egypte, afin que vous puissiez les retourner dans la bouche de votre cœur et les ruminer par la foi.
La première plaie, le changement de l’eau en sang, figure les doctrines des philosophes qui séduisent les esprits des simples. La seconde plaie, la multitude des grenouilles, représente les chants des poètes qui n’ont jamais été utiles à qui que ce fût. Comme troisième plaie, viennent les moucherons, ces insectes très petits et insupportables qui percent les chairs de leurs aiguillons ; nous y voyons l’artifice des sciences philosophiques, les poisons et les mensonges habilement déguisés des malheureux hérétiques. La quatrième plaie est l’invasion des mouches canines, auxquelles on compare avec raison la doctrine des cyniques, qui, entre autres erreurs, affirment que la volupté est le souverain bien. En cinquième lieu vient la peste des bestiaux ; cette peste figure la folie et la démence des hommes. La septième plaie est l’épidémie des ulcères, des tumeurs et des douleurs cuisantes ; les ulcères représentent la malice qui suppure la ruse, les tumeurs l’orgueil plein d’enflures et de vanités, les douleurs cuisantes la rage de la colère furieuse. Après ces plaies viennent les coups de tonnerre et des bruits dans l’air accompagnés de grêle et de feux ; ces bruits et ces coups de tonnerre figurent la doctrine du ciel, la grêle les règles de conduite que les pécheurs finissent par accepter, les feux la grâce du Saint Esprit qui consume les aiguillons des passions et les ronces des péchés. La huitième plaie est l’invasion des sauterelles, insectes rongeurs très nuisibles ; ils représentent l’orgueil des hommes remplis de malignité qui se trahissent les uns les autres, et emploient pour se détruire les faux témoignages. C’est d’eux que l’Apôtre a dit : Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne vous consumiez les uns les autres. La neuvième plaie est celle des ténèbres qui signifient l’aveuglement de l’esprit et du cœur. La dixième plaie est la mort des premiers-nés, en qui nous pouvons voir les esprits de malice et le péché originel.
Nous donc qui lisons ces choses et qui savons qu’elles sont arrivées, dans ces temps anciens, en figures et en symboles, réjouissons-nous et rendons grâces à Dieu, puisque nous les voyons clairement accomplis en nous par la miséricorde de Dieu, sous le règne de notre Seigneur Jésus, le Christ, à qui est honneur et empire avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.

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mardi de la 1ere semaine de careme

Sur Exode 6, 29 – 7,25
Sur les dix plaies d’Egypte

Saint Augustin
Œuvres Complètes, tome 19, sermon 20, p. 532s

Moïse, en venant en Egypte, porte avec lui le bâton qui doit frapper les Egyptiens et leur infliger les dix plaies. Moïse représente la Loi qui a été donné à ce monde pour le corriger et le réformer par les dix plaies, je veux dire par les dix préceptes qui sont contenus dans le Décalogue. Moïse, en effet, représente la Loi : le Seigneur le déclare formellement dans l’évangile : Ils ont la Loi et les prophètes. Quant au bâton qui soumettra l’Egypte et abattra pharaon, il était le symbole de la croix du Christ qui a vaincu ce monde et a triomphé du prince de ce monde, des principautés et des puissances infernales. Ce bâton, jeté à terre, se change en dragon ou en serpent qui dévorent les serpents des Egyptiens ; mais le serpent est le symbole de la sagesse, selon cette parole : Soyez prudents comme des serpents. Aussi le bâton de Moïse, je veux dire la croix de Jésus Christ, après qu’elle fut descendu sur la terre, c’est-à-dire qu’elle eut été crue et acceptée par les hommes, fut changée en sagesse, et en une sagesse si profonde qu’elle absorba toute la sagesse des Egyptiens, en d’autres termes, toute la sagesse de ce monde.
Que les eaux du Nil aient été changées en sang, c’est un châtiment convenable. N’était-il pas juste que ce fleuve, dans lequel les Egyptiens faisaient périr d’une mort cruelle les enfants des Hébreux, donnât un breuvage ensanglanté aux auteurs de ce crime, et que ceux-ci fussent obligés de goûter le sang de ces eaux infectes, qu’ils avaient souillées par d’horribles infanticides ?
Quant à la seconde plaie qui fut l’invasion des grenouilles, je pense qu’on peut y voir la figure des chants des poètes, qui avec leur vaine et emphatique harmonie, assez semblable aux chants et aux cris des grenouilles, ont introduit dans ce monde des fables erronées. Car la grenouille n’est utile à rien, sinon à déchirer et à importuner les oreilles par ses coassements.

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lundi de la 1ere semaine de careme

Sur Exode 6, 2-13
Moïse, figure du Christ
Eusèbe de Césarée
La démonstration évangélique, Livre III, chapitre 2

Moïse fut le premier chef du peuple juif. Ayant trouvé les fils d’Israël engagés dans les fausses doctrines du polythéisme égyptien, le premier il les en détourna, les amena à renoncer au culte des idoles. Le premier, il leur annonça la connaissance du Dieu unique en les invitant à adorer le seul Créateur et Auteur de l’univers. Le premier encore, il établit pour eux un chemin de vie sainte, se révélant ainsi comme le premier, l’unique législateur de leur communauté toute consacrée à Dieu.
Si Jésus Christ peut être approché de Moïse, il lui est de fait, incomparablement supérieur : c’est à toutes les nations qu’il a ouvert, lui, le premier la connaissance de la vraie religion ; le premier, il renversa l’idolâtrie à travers le monde entier ; le premier, il proposa à tous les hommes la science et l’adoration du Dieu unique, le Roi souverain ; le premier, il se montra l’initiateur et le législateur d’une vie nouvelle, d’une communauté fondée sur le service de Dieu.
Oui, Moïse, le premier, donna au peuple juif des enseignements sur l’origine du monde, l’immortalité de l’âme, et les autres principes de la sagesse. Mais Jésus Christ fut le premier à annoncer ces vérités à toutes les nations, grâce à ses disciples, et cela d’une manière vraiment divine. Moïse a confirmé par des miracles et des prodiges la religion qu’il avait annoncée. De même, le Christ s’est servi de signes merveilleux pour amener à la foi ceux qui les voyaient et pour rendre témoignage à la nouveauté de la prédication évangélique.
Par ailleurs, Moïse a fait passer le peuple juif de la dure servitude des Egyptiens à la liberté ; Jésus Christ, lui, a rappelé à la liberté tout le genre humain adonné au culte impie des idoles égyptiennes, sous la contrainte de démons pervers.
Mais est-il nécessaire de prolonger mon discours pour montrer que Moïse et Jésus, notre Sauveur et notre Seigneur, ont accompli des actions comparables ? Pour qui le désire, il serait bien facile d’en rassembler sans peine beaucoup d’autres. Si donc, sous tant d’aspects, seul notre Sauveur apparaît avoir accompli tant d’actions si proche de celles de Moïse, il ne nous reste plus qu’à le regarder, lui et lui seul.

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1er dimanche de careme, 3° lecture

Sur Luc 4, 1-13
Il fut tenté

Saint Ambroise
Traité sur l’évangile de Luc, Livre IV, Sources Chrétiennes 45, p. 152s

C’est à juste titre que notre Seigneur Jésus, par son jeûne et par sa solitude, nous aguerrit contre les attaques des voluptés, et que notre Seigneur souffre d’être tenté par le diable, pour qu’en lui nous apprenions tous à triompher.
Il y a lieu de se rappeler comment le premier Adam fut chassé du paradis au désert, pour remarquer comment le second Adam revint du désert au paradis. Adam est au désert, au désert aussi est le Christ. Du moment qu’au paradis Adam avait, faute de guide, perdu la route qu’il suivait, comment au désert eût-il pu sans guide regagner la route perdue ? Suivons donc le Christ, suivons ses traces et nous pourrons revenir du désert au paradis.
Jésus, rempli de l’Esprit Saint, est conduit au désert à dessein pour provoquer le diable et pour délivrer Adam de l’exil. Quarante jours, c’est le nombre d’années où nos Pères, vivant au désert, obtinrent le pain des anges pour entrer dans la terre promise ; c’est par autant de jours de jeûne du Seigneur que s’ouvre à nous l’entrée dans l’évangile.
Et le Seigneur eut faim ! Il avait faim, non de la nourriture du corps, mais du salut. La faim du Seigneur est une pieuse ruse : le diable, leurré par la vue de sa faim, allait le tenter comme un homme, et rien, pensait-il, n’empêcherait le triomphe ! Par les trois tentations, nous apprenons qu’il existe trois principaux javelots du diable dont il a coutume de s’armer pour blesser l’âme : l’un de la gourmandise, l’autre de la vanité, le troisième de l’ambition.
Voyez quelle sorte d’arme le Seigneur emploie pour défendre l’homme contre les assauts de l’esprit pervers. Il n’use pas de sa puissance en tant que Dieu, mais en tant qu’homme il a recours à la ressource commune : être occupé à se nourrir de la lecture divine, au point de négliger la faim du corps et d’acquérir l’aliment de la parole céleste.
Vient ensuite la flèche de la vanité, sur le faîte du Temple. Telle est en effet la vanité : quand on croit s’élever plus haut, le désir de faire des actions d’éclat précipite les abîmes. Le troisième piège est celui de l’ambition ; l’institution des pouvoirs est de Dieu, mais l’ambition du pouvoir vient du malin.
Adam fut alléché par la nourriture ; puis il pénétra avec une présomptueuse assurance au lieu où se trouvait l’arbre interdit, et encourut le reproche d’ambition téméraire en visant à être comme Dieu.
Nul ne peut être couronné s’il n’a vaincu, nul ne peut vaincre s’il n’a pas d’abord combattu. S’il vous arrive d’être tenté, sachez qu’une couronne se prépare.

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1er dimanche de careme, 2° lecture

Sur Exode 5,1-6,1
Que chacun se prépare à partir au désert
Saint Athanase
24° lettre festale pour la Pâque de l’an 352

Chacun des saints a dû fuir la voie large et spacieuse, pour demeurer seul, à part, et vivre dans la vertu ; tels furent Elie, Elisée et le groupe entier des prophètes. Tel encore Jacob qui fut grand par son ascèse : il ne mérita la révélation des réalités célestes que lorsqu’il se retrouva seul après être parti de chez son père et avoir fui, au milieu de bien des épreuves, son frère Esaü.
Vous voyez ce que procurent à l’homme le désert et l’abandon des tumultes de la vie : l’amitié de Dieu. Ainsi Abraham, quand il sortit du pays des Chaldéens, fut appelé ami de Dieu. Le grand Moïse, lui aussi, lors de son départ du pays d’Egypte, c’est-à-dire des œuvres terrestres, parla avec Dieu face à face, fut sauvé des mains de ses ennemis et traversa le désert. Tous ceux-là sont l’image de la sortie des ténèbres vers la lumière admirable, et de la montée vers la ville qui est au ciel. Ils sont le type du vrai bonheur, et de la fête éternelle.
Quant à nous, nous avons auprès de nous cette réalité que les ombres et les types annoncèrent, je veux dire l’image du Père, notre Seigneur Jésus le Christ ; si nous le recevons comme nourriture en tout temps, et si nous marquons de son sang les portes de nos âmes, nous serons libérés des travaux de pharaon et de ses inspecteurs. Il s’agit évidemment, non des travaux décrits dans le livre même, mais des travaux qu’ils préfiguraient.
Que chacun se prépare donc avec un ardent désir à se rendre à cette fête ; qu’il écoute le Sauveur l’appeler, car c’est lui qui nous console tous et chacun en particulier. Que celui qui a faim vienne à Lui : il est le vrai pain. Que celui qui a soif vienne à Lui : il est la source d’eau vive. Que celui qui est malade vienne à Lui : il est le Verbe qui guérit les malades. Si quelqu’un est accablé par les fardeaux du péché et s’en repend, qu’il se réfugie à ses pieds : il est le repos et le salut. Que le pécheur aie confiance : il a dit : Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ; moi, je vous procurerai le repos.