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3° lecture Solennité de L’Ascension du Seigneur – B

Marc 16, 15-20

« Le Seigneur Jésus s’assit à la droite de Dieu »

Saint Maxime de Turin

Sermon 33, PdF 65, p. 150s

 

          Avant de retourner aux cieux, le Christ notre Seigneur a fait la promesse suivante à ses disciples : Quand je serai allé, je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de vérité. Il faut en conclure que le Christ est parvenu auprès du Père, lorsque nous voyons descendre le Paraclet sur les apôtres. Oui, il faut le croire, comme David l’a dit du Sauveur, qu’il siège à la droite de Dieu, puisque nous voyons l’Esprit-Saint, selon la promesse du Seigneur, se manifester parmi les disciples. Le psaume dit : Oracle du Seigneur à mon Maître : Siège à ma droite : tes ennemis, j’en ferai mon marchepied.

          Nous avons l’habitude d’offrir un siège à celui qui vient d’accomplir sa tâche, et qui, revenant vainqueur, mérite l’honneur de s’asseoir. Ainsi donc, l’homme Jésus-Christ, qui a vaincu le diable au cours de sa Passion et ouvert les enfers par sa résurrection, a accompli sa tâche, il arrive en vainqueur aux cieux, et il entend son Père lui dire : Siège à ma droite. Il n’y a rien d’étonnant à ce que le Père offre à son Fils de partager un siège unique, puisqu’il partage avec son Père une substance unique.

          Mais pourquoi à sa droite, pourrait-on se demander ? Bien que la divinité, dans sa plénitude, ne connaisse pas de degrés en dignité, le Fils est cependant assis à la droite du Père : il ne s’agit pas de marquer qu’il passe avant le Père, mais d’éviter que l’on croie qu’il lui est inférieur. Et le Fils est placé à sa droite parce que, selon l’Evangile (Matthieu 25,33), les brebis seront placées à droite et les boucs à gauche. il faut donc que l’Agneau se trouve en tête des brebis, et qu’un chef immaculé prenne place devant le troupeau immaculé qui va le suivre, comme l’a dit saint Jean dans l’Apocalypse (14,4) : ceux-là, ils ne se seront pas souillés avec des femmes, ceux-là le suivront partout où il va. Donc le prophète David dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite (Psaume 109,1), c’est-à-dire que le Seigneur, Dieu le Père, offre au Seigneur Dieu, le Christ, son Fils, de partager avec lui les hauteurs de son trône, et pour l’honorer l’a placé à sa droite pour l’éternité.

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2° lecture Solennité de L’Ascension du Seigneur

Ephésiens 4, 1-24

L’Ascension du Seigneur

Père Renaud Silly

Dictionnaire Jésus, p. 96s

 

          Si la mort n’a exercé sur Jésus qu’une puissance passagère, la Résurrection ne se réduit pas à une apologie tardive pour lui, qui rétablirait seulement la justice bafouée par son procès inique. La toute première génération chrétienne a surtout été frappée par la majesté avec laquelle Jésus lui est apparu vivant. Il bénit ses disciples comme un grand prêtre dans l’exercice de ses plus hautes fonctions. Il annonce à Marie-Madeleine qu’il monte vers son père pour y prendre la place du Maître. Matthieu rapporte la manifestation en gloire de Jésus à ses disciples sur une montagne de Galilée. Il y organise pour eux sa royauté sur le monde entier jusqu’à la fin des temps. Il affirme sa maîtrise des événements en fonction des desseins divins, d’une façon souveraine, en fort contraste avec les machinations des chefs politiques ou religieux qui ont cru diriger le cours des choses  durant la Passion ou après la Résurrection.

            Il s’assied à la droite du Père. Jésus a par ailleurs prophétisé l’Ascension : c’est un gain pour vous que je m’en aille. Les lettres de Paul font entendre l’écho d’hymnes très anciennes où la Résurrection apparaît surtout comme l’exaltation de Jésus à la droite de Dieu. Les épîtres catholiques ne sont pas en reste, comme celle aux Hébreux qui proclame Jésus entré dans le sanctuaire céleste, établi par Dieu prêtre souverain à la tête de toute sa maison. Quant à l’Apocalypse de Jean, elle est tout entière une vision de Jésus, Agneau de Dieu, siégeant sur le trône divin, portant glorieusement les marques de sa Passion. C’est encore dans cette session à la droite de Dieu, dans sa gloire qu’Etienne voit Jésus au moment de sa Passion.

            A l’instar des autres événements de la vie de Jésus, l’Ascension actualise certaines des dimensions de l’Apocalyptique juive. Jésus glorifié présente des ressemblances avec Métatron dont le nom signifie qu’il partage le trône divin. Ils ont tous deux un nom ésotérique en vingt-quatre lettres et un nom exotérique de six lettres. Ils sont l’un et l’autre exaltés au-dessus de toute la Création. Les figures de Jésus et de Métatron, du moins telles qu’elles sont été attestées dans les traditions anciennes, remontent vraisemblablement à une conception juive antérieure, qui donne à un ange le statut d’hypostase et de manifestation sensible de la divinité. Dans la version grecque des Proverbes de Salomon, la Sagesse à laquelle Jésus s’identifie parfois siège sur le trône divin pour signifier son identité avec Dieu. Toujours dans l’Alexandrie ptolémaïque, Ezéchiel le tragédien voit même Moïse s’avancer sur le trône divin ou Dieu lui tend son sceptre  pour le faire monter ; là-même, il le couronne.

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Mercredi de la 6ème semaine du Temps Pascal

Actes 21,40 – 22,21

Paul devant les Juifs

Saint Jean Chrysostome

Homélie 47 sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 321s

 

          Il est à remarquer que l’apôtre Paul ne manque pas de s’autoriser de l’appui que lui donne la Loi, toutes les fois qu’il s’adresse aux païens. Dans le cas présent, il met en avant sa patrie pour gagner sa cause. Précédemment, il avait dit : Ils nous ont battu de verges, nous citoyens romains, et ils nous ont mis en prison, quoique nous n’ayons pas été jugés. Puis, peu après : Etes-vous égyptien ?, lui demandait-on. Il répond : Je suis juif. Langage par lequel il réfute ce que l’on veut faire entendre. Il ne dit pas qu’il appartienne ouvertement à la maison juive ; il parle de la religion qu’il professe ; c’est ainsi, qu’il déclare ailleurs n’avoir d’autre maître que le Christ. Qu’est-ce à dire ? Paul ne dit-il pas la vérité ? Ne le croyez pas. Que penser ? N’a-t-il pas nié ce qu’il fallait affirmer ? Cela n’est pas vrai ; il était à la fois juif et chrétien ; il observait les ménagements qui étaient indispensables, il obéissait mieux que qui que ce soit ; il se soumet à la Loi, il croit au Christ et parle à Pierre en ces termes : Nous sommes juifs de naissance. Je vous en prie, permettez-moi de parler au peuple. Ce qui prouve que l’on ne disait pas la vérité, ce sont les témoins qu’il se proposait de consulter.

 

            Notez avec quelle douceur il défend sa cause. C’était une présomption très forte en faveur de son innocence que de n’avoir aucune accusation sérieuse à réfuter, d’être prêt à se justifier, et de tenir à répondre aux Juifs eux-mêmes. Admirez la prudence et la bonne fortune de l’apôtre en même temps : si le tribun ne fût intervenu, s’il n’eut pas privé Paul de sa liberté, ce dernier n’eût pas eu l’occasion de se justifier, il n’eût même pas obtenu un peu de silence. Le tribun le lui permit, et Paul se tenant debout sur les degrés. Le lieu duquel il parlait facilitait son projet, car il parlait d’un point élevé, bien que chargé de chaînes. Quel lieu spectacle que celui de l’apôtre haranguant le peuple, quoique enchaîné ? Et Paul ne fut pas troublé, il ne fut pas confus à la vue de la foule furieuse, du tribun qui assistait à cette scène ! Après avoir calmé le courroux des auditeurs, il prit la parole et s’exprima d’une manière admirable de prudence. Un grand silence s’était produit, il s’exprima dans ces termes en langue hébraïque : Mes frères et mes pères, écoutez ce que j’ai à vous dire pour ma défense. Pas de flatterie dans ces paroles, tout y est sage et modeste. Il ne dit pas : Seigneurs, mais : mes frères. Je ne suis pas un étranger pour vous, je ne suis pas votre ennemi. Mes frères et mes pères, langage qui les honore et leur rappelle les liens qui les unissent tous.

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Mardi de la 6ème semaine du Temps Pascal

Actes 21, 27-39

Entre réjouissances et suspicion

Père Pierre Debergé

Avec Pierre et Paul en suivant les Actes des Apôtres, p. 141s

 

          Le retour à Jérusalem plonge Paul, comme le lecteur des Actes, dans l’atmosphère de la première Eglise que l’on avait un peu oubliée ! On retrouve la problématique qui était au centre de la réunion organisée dans cette ville (Chapitre 15). D’un côté Jacques et les Anciens ne peuvent faire autrement que de glorifier Dieu pour l’œuvre de Paul au sein du monde païen ; de l’autre, le souci de ne pas troubler les nombreux fidèles restés attachés à leurs racines juives les rend extrêmement prudents. En même temps qu’ils glorifient Dieu de ce qu’ils ont entendu, ils ne peuvent oublier d’embarrassantes rumeurs circulant parmi les judéo-chrétiens de Jérusalem. Ne dit-on pas de Paul qu’il a poussé des Juifs de la diaspora à abandonner la circoncision et leurs coutumes ancestrales ?

 

            Si l’auteur des Actes tient cette accusation pour fausse, ce n’est pas se tromper qu’estimer que la pratique de Paul, en détachant le salut de la Loi de Moïse, pouvait inciter certains judéo-chrétiens à ne pas faire circoncire leurs enfants et à négliger les observances légales. Face à cette réputation d’antilégalisme, on demande donc à Paul d’accomplir une démarche rituelle comprenant, d’une part la purification qui s’imposait à tout Juif venant de l’étranger à Jérusalem, et d’autre part l’acquittement de la redevance et des sacrifices en faveur de deux nazirs. Ainsi les Juifs sauront que tout ce qu’ils ont entendu au sujet de Paul était faux.

 

            La collecte, que Paul avait recueillie, a-t-elle servi à financer cette dernière démarche, au demeurant fort coûteuse ? On peut le supposer, même si ce n’est qu’une hypothèse. Une chose est certaine : il n’est absolument pas question ici de la collecte faite pour l’Eglise de Jérusalem. C’était pourtant un des motifs principaux de la venue de Paul à Jérusalem. Or, si Luc a passé ce fait sous silence, c’est vraisemblablement que la collecte n’a pas été reçue par les judéo-chrétiens de Jérusalem. Paul le craignait d’ailleurs, lui, qui avait demandé aux chrétiens de Rome de prier pour qu’elle soit accueillie par les saints.

 

            Embarrassé par un tel souvenir, Luc a donc peut-être choisi de ne pas en parler. Il s’est contenté de montrer Paul acceptant la proposition qui lui était faite de monter au Temple avec quatre hommes, pour se purifier avec eux et offrir l’oblation pour chacun. Mais Paul n’aura pas achevé les sept jours de sa purification que s’accomplira ce qu’il redoutait.

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Lundi de la 6ème semaine du Temps Pascal

Actes 21, 1-26

« Agabus vint à nous, et prenant la ceinture de Paul… »

Père Divo Barsotti

Les Actes des Apôtres, p. 442s

 

          Dans un acte symbolique, comme Jérémie, comme Ezéchiel, le prophète Agabus annonce ce qui va arriver à Paul. Il se lia les mains et les pieds en disant : Ainsi parle l’Esprit-Saint : l’homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le livreront ainsi à Jérusalem, et ils le livreront aux mains des païens. Le rapport entre Paul et Jésus devient de plus en plus étroit. Paul revit la Passion de son Seigneur : Le Fils de l’homme doit être livré aux mains des hommes, dit Jésus. Jésus lui-même annonce sa mort, il n’a pas besoin qu’un autre la lui prédise. Paul sentait bien que des tribulations et des chaînes l’attendaient, mais maintenant l’Esprit-Saint le lui dit ouvertement ; la prophétie lui arrive du dehors, l’Esprit-Saint lui parle par le moyen d’Agabus, mais ce sont les paroles mêmes du Christ. Son ministère doit se terminer comme celui du Christ, par un témoignage qu’il rendra devant un tribunal : d’abord devant le tribunal suprême du judaïsme, le sanhédrin, puis devant le tribunal de l’Empire, devant César.

            Le procès du Christ avait eu lieu à Jérusalem. Celui de Paul va commencer dans la même ville, mais se terminera à Rome. Pour le Christ, le procès commence devant le sanhédrin et se termine devant le proconsul Ponce Pilate ; pour Paul, il se termine en présence du César romain lui-même. Le message acquiert ainsi le maximum de publicité devant le plus grand tribunal du monde. L’homme à qui appartient cette ceinture sera lié ainsi par les Juifs, annonce le prophète. Comme dans la Passion de Jésus, c’est le judaïsme qui accuse Paul, et ensuite il sera remis entre les mains des païens. Paul ne vit rien d’autre que le martyre du Christ. La participation de tout disciple au mystère du Christ sera d’autant plus vraie que son témoignage se terminera par un vrai martyre. Dans le martyre s’accomplit l’imitation parfaite de Celui qui a aimé jusqu’à donner sa vie.

            Paul sera enchaîné par les Juifs à Jérusalem, et ensuite il sera livré aux mains des païens. Entendant ces paroles, dit le livre des Actes, nous-mêmes et ceux qui étaient en ce lieu nous priâmes Paul de ne pas aller à Jérusalem. Là encore se répète la scène de l’évangile. Mais Paul, comme Jésus, repousse ceux qui voudraient le soustraire à la Passion.

            Dans l’Evangile, les disciples abandonnent leur Maître. Ici, non : les disciples ont reçu l’Esprit. L’Eglise est née. Les disciples, après un moment de désolation, embrassent Paul et s’abandonnent avec lui à la volonté de Dieu : Que le volonté de Dieu soit faîte !

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3° lecture Dimanche de la 6ème semaine du Temps Pascal – B

Jean 15, 9-17

« Aimez-vous les uns les autres »

Saint Grégoire le Grand

Le commandement nouveau, PdF31, p. 119s

 

          Toutes les paroles sacrées de l’Evangile sont remplies des commandements du Seigneur. Pourquoi donc le Seigneur dit-il que l’amour est son commandement à lui ? Voici quel est mon commandement : aimez-vous les uns les autres. C’est que tout commandement découle du seul amour, que tous les préceptes ne sont qu’un, et qu’ils reposent sur le seul fondement de la charité. Les branches d’un arbre sortent de la même racine : ainsi toutes les vertus naissent de la seule charité. La branche d’une bonne œuvre ne reste pas verte si elle se détache de la racine de la charité.

          Les commandements du Seigneur sont donc multiples, et en même temps ils sont un : multiples par la diversité de leurs œuvres, un dans la racine de l’amour.

          Comment garder cet amour ? Le Seigneur lui-même le laisse entendre : dans la plupart des préceptes de son évangile, il ordonne à ses amis de s’aimer en lui, et d’aimer leurs ennemis à cause de lui. Il possède la vraie charité, celui qui aime son ami en Dieu et son ennemi à cause de Dieu.

          Il est des hommes qui aiment leurs proches, mais seulement à cause des sentiments d’affection qui naissent de la parenté charnelle. A propos de cet amour, les paroles sacrées de l’évangile ne font à ces hommes aucun reproche. Mais ce que l’on accorde spontanément à la nature est une chose, ce que l’on doit par charité à l’obéissance en est une autre. Les hommes dont je viens de parler aiment sans doute leur prochain, sans obtenir pour autant les sublimes récompenses de l’amour, parce qu’ils donnent leur affection, non selon l’esprit, mais selon la chair. Voici mon commandement : vous aimer les uns les autres. En disant : Voici mon commandement : vous aimer les uns les autres, le Seigneur a donc tout de suite ajouté : Comme je vous ai aimés. Ces paroles signifient clairement : Aimez pour la même raison que je vous ai aimés.

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2° lecture Dimanche de la 6ème semaine du Temps Pascal

Actes 20, 17-38

Adieux de Paul aux anciens d’Ephèse

Louis Barlet et Chantal Guillermain

Le Beau Christ en Actes, p. 82s

 

          Ce discours est important pour dessiner la figure de Paul, puisque Luc nous le montre au moment où il fait ses adieux à l’Eglise d’Ephèse, en la personne des Anciens, les responsables de cette communauté.

            Il est aussi une charnière dans l’histoire de Paul qui dresse un bilan du passé et tourne son regard  vers l’avenir, le sien et celui de l’Eglise. Après les discours aux Juifs à Antioche, aux païens à Athènes, celui-ci est le seul qui soit adressé à des chrétiens : la visée en est pastorale et non plus missionnaire car l’Evangile leur a déjà été annoncé et Paul ne revient pas sur la présentation de Jésus-Christ.

            Ce discours d’adieux est important parce qu’il est le testament de Paul : en effet celui-ci rassemble, recueille ce qu’il a fait, il évoque les grandes lignes de son ministère avec les formules qui ponctuent les quatre parties du discours : le témoignage porté aux Juifs et aux Grecs de la conversion et de la foi par notre Seigneur Jésus, puis le témoignage de la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu, enfin deux paroles de Paul qui résument les deux dernières parties de ce discours : Je vous remets à Dieu et à la Parole de sa grâce, et Il est heureux de donner plutôt que de recevoir. Dans cette dernière parole, Paul cite là une sentence de Jésus que les évangiles n’ont pas rapportée.

            Pour plusieurs raisons, ce discours, ce testament, peut être rapproché de celui de Jésus au cours de son dernier repas : l’un et l’autre appartiennent à deux séries parallèles qui comportent pour Jésus : la Cène, le testament, Gethsémani avec ses mots de Jésus : non pas ma volonté mais la tienne ; pour Paul : la fraction du pain à Troas, le testament, et l’affirmation : Que la volonté du Seigneur se fasse.

            Jésus avait annoncé à ses disciples son départ, ses souffrances, sa mort, il leur avait parlé de leurs épreuves communes, il les avait exhortés à placer leur vie sous le signe de service. On retrouve ce thème et ce vocabulaire dans les propos de Paul. Alors que Jésus a annoncé que Satan voudra cribler les disciples, Paul annonce que des loups attaqueront la communauté. Comme Jésus avait demandé à ses disciples de faire ceci en mémoire de lui, Paul invite les Anciens à faire mémoire de la parole de Dieu.

            La tonalité est la même dans ces deux rencontres, l’attitude est semblable, faite de dépossession, d’offrande qu’évoque fortement le verbe employé : Paul dit : Je vous remets à Dieu, comme Jésus avait dit en sa dernière parole : Père, entre tes mains, je remets mon esprit.

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Samedi de la 5ème semaine du Temps Pascal

Actes 20, 1-16

A travers les contrées évangélisées

Père Philippe Bossuyt

L’Esprit en Actes, Lire les Actes des Apôtres, p. 115s

 

          Quittant Ephèse, Paul se rend en Macédoine et, de là, à Corinthe pour y passer l’hiver. Il compte y trouver un bateau en partance pour la Syrie, dès que la navigation reprendra, c’est-à-dire au début du printemps 58. Après trois mois de séjour, alors qu’il s’apprête à embarquer, il a vent d’un complot des opposants juifs qui en veulent toujours à sa vie. Il s’avise alors de faire demi-tour et de repasser par la Macédoine. Il est à Philippes pour les fêtes de Pâque, et rejoint cinq jours plus tard tout un groupe de compagnons à Troas.

          Parmi eux se trouvent des représentants de différentes chrétientés fondées par Paul : Bérée (Sopater), Thessalonique (Aristarque et Secundus), Derbé (Gaïus), Lystres (Timothée), et Ephèse (Tychique et Trophime). Une équipe de sept, dont les villes d’origine rappellent les travaux et les dangers de ces dernières années. Ils sont prêts à reprendre le flambeau.

          Un événement vient confirmer la foi des compagnons : la puissance du Seigneur ressuscité est plus que jamais présente dans la vie de ses témoins. En effet, pour le jour du Seigneur, le premier de la semaine, tous sont rassemblés dans une chambre à l’étage. Paul échange longuement avec eux avant de quitter Troas le lendemain. Récit de tout ce que Dieu avait fait avec eux, relecture de la mémoire d’Israël. Loi et Prophètes, dernières consignes : l’entretien se prolonge tard dans la nuit à la lumière  des torches. Assis sur le bord d’une fenêtre, un jeune homme s’endort tandis que Paul n’en finit pas de parler. Ecrasé de sommeil, le garçon bascule et chute jusqu’en bas. On se précipite, on veut le relever, il est mort.

          Paul descend à son tour. Il se penche sur lui et le serre dans ses bras, puis il leur dit : Cessez de vous troubler, il respire ! On célèbre ensuite la fraction du pain. On ramène alors l’enfant vivant chez lui. Un fameux message de conclusion ! L’enfant s’appelait Eutyque, Bonne fortune : il portait bien son nom.

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3° lecture Mémoire des saints Philippe et Jacques

Jean 14, 6-14

L’apôtre Philippe dans les évangiles

Père Gérard Bessière

Histoire des Saints et de la Sainteté Chrétienne, tome I, p. 243s

 

          Après André et Pierre, Philippe est le troisième à être appelé par Jésus. Comme eux, il était originaire de Bethsaïde, au nord du lac de Tibériade. Avec les deux frères André et Pierre, formait-il un trio amical de compatriotes ? L’Evangile de Jean, le seul à nous donner quelques renseignements à propos de Philippe, permet de le penser. Jésus l’appelle au lendemain de la vocation d’André et de Pierre, au moment où il décide de gagner la Galilée. On peut donc penser que Philippe était avec André auprès de Jean-Baptiste. Il est aussi avec lui au soir de la multiplication des pains et le jour où des Grecs demandent à rencontrer Jésus. Philippe est homme d’initiative.

          Dès que Jésus lui dit : Suis-moi, il va lui-même trouver Nathanaël : Celui de qui il est écrit dans la Loi de Moïse et dans les prophètes, nous l’avons trouvé, c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. Nathanaël  réplique : De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? Philippe lui répond : Viens et vois. Cette conversation avec Nathanaël montre que Philippe connaissait les Saintes Ecritures et qu’il vivait l’attente d’Israël, tendu vers les accomplissements messianiques. Philippe est l’un des proches de Jésus : le jour où la grande foule est là, sans nourriture, c’est vers Philippe que Jésus se tourne : Où achèterons-nous des pains pour qu’ils aient de quoi manger ?

          Lorsque des Grecs, venus à Jérusalem à l’occasion de la fête de Pâque, cherchent à rencontrer Jésus, ils s’adressent à Philippe qui était de Bethsaïde de Galilée. Lors du dernier entretien avant le récit de la Passion, Philippe interroge Jésus ; après Pierre et Thomas qui demandent à Jésus vers quel lieu il va et par quel chemin, Philippe est encore plus direct : Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. Cette intervention nous vaut la réponse de Jésus : Je suis avec vous depuis si longtemps et cependant, Philippe, tu ne m’as pas reconnu ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Pourquoi dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans la Père et que le Père est en moi ?

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2° lecture Mémoire des saints Philippe et Jacques

Actes 5,12-32 ou 1 Corinthiens 1, 18 –b2,5 ou 1 Corinthiens 4,1-16

Les Apôtres sont au-dessus des autres fidèles

Saint Augustin

Sermon 222, OC 20, p. 385s

 

          Le Seigneur, pour montrer que ses apôtres sont au-dessus des autres fidèles, et aussi des anciens justes et des prophètes, leur dit : Heureux vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent. Beaucoup de justes et de Prophètes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu. Et ailleurs : Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai donné le nom d’amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Et encore : Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans les cieux. Ailleurs encore, à Pierre qui lui demandait de quoi lui servirait à lui et à ses compagnons d’avoir tout quitté pour suivre le Rédempteur, il répond : En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi, lorsqu’au temps de la régénération le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.

          Les apôtres sont la lumière du monde parce que c’est par eux que le Seigneur révéla d’abord au monde les clartés de la foi et de la vraie science, qu’il arracha les Gentils et les peuples aux ténèbres de l’erreur et du péché. Ils sont le sel de la terre, parce que, par eux, les hommes ont connu la saveur de la vie éternelle qui les a portés à mettre un frein aux appétits de la chair, et à se conserver purs des souillures du péché et de la gangrène du vice. Ils sont les pierres précieuses sur lesquelles, d’après la description de l’apôtre saint Jean dans l’Apocalypse, repose le céleste édifice, parce que leur prédication posa les fondements de l’Eglise. Aussi saint Paul dit aux Ephésiens (2,19-20) : Vous êtes de la cité des saints et de la maison de Dieu, comme un édifice bâti sur les fondements des apôtres et des prophètes. Les apôtres sont les douze portes de la Jérusalem nouvelle, qui est descendue du ciel, parce que, par eux, d’abord nous avons franchi le seuil de la foi et nous avons été comptés dans la cité des saints.