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Mardi de la 4ème semaine du Temps Pascal

Actes 13, 14b-43

Discours de Paul dans la synagogue d’Antioche de Pisidie

Père Jean Cantinat

Les Actes des Apôtres, p. 102s

 

            L’abandon de Jean-Marc, qui retourne à Jérusalem, irrite Paul, mais ne le décourage pas. Avec Barnabé, il franchit la chaîne montagneuse du Taurus, marche longuement sur les hauts plateaux et finit par atteindre Antioche de Pisidie, la plus importantes des villes qu’il entend évangéliser. Dès le premier sabbat qui suit son arrivée, il se met à prêcher aux Juifs dans leur synagogue.

          Le livre des Actes nous a conservé un sommaire assez détaillé du premier discours qu’il leur donne, un peu comme s’il s’agissait de son discours inaugural, et comme s’il fallait y voir le reflet de toute sa prédication devant les auditoires juifs. Ce discours, qui rappelle beaucoup celui de Pierre à la Pentecôte, montre que les deux apôtres avaient la même manière d’annoncer l’Evangile à leurs coreligionnaires encore incrédules. Nous voici confirmés dans l’idée qu’il existait aux origines de l’Eglise des prédications types, adaptés aux divers auditoires abordés.

          Chacune des trois parties du discours débute par une apostrophe aux auditeurs. La première partie résume l’histoire sainte d’Israël, comme l’avait fait Etienne, mais dans un autre but. Elle tend à prouver que toute cette histoire, jusqu’au témoignage même de Jean-Baptiste, annonçait la venue de Jésus, Sauveur. La deuxième partie, où se retrouve l’argumentation de Pierre, fait d’abord ressortir le contraste entre l’attitude des hommes qui condamnent Jésus et celle de Dieu qui le ressuscite. Elle rappelle ensuite les apparitions du Ressuscité aux témoins que sont les apôtres et dégage finalement la portée messianique de cette résurrection annoncée par les Saintes Ecritures.

          La troisième partie est une véritable conclusion. D’allure paulinienne, elle n’exhorte à n’attendre la rémission des péchés et la sanctification que de la foi au Christ ressuscité et non de la pratique de la loi mosaïque. C’est la mise au point des insinuations d’Etienne. Une menace contre ceux qui resteraient incrédules vient renforcer la valeur persuasive de la conclusion.

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Lundi de la 4ème semaine du Temps Pascal

Actes 12,24 – 13,14a

L’Eglise d’Antioche missionnaire

Collectif

Une lecture des Actes des Apôtres, CE 21, p. 44s

 

            Quelque chose de nouveau se passe à Antioche : on se met à prêcher directement aux grecs qui se tournent vers le Seigneur, ce qui désigne évidemment des païens. Jusqu’alors, quand Philippe agrandissait la sphère de l’Eglise, quand on voyait Pierre et Jean aller imposer les mains pour faire entrer de nouveaux croyants dans le grand cercle de l’Eglise. Celle-ci semblait se construire par cercles concentriques autour d’un centre : Jérusalem. Ici, à Antioche, on a l’impression de voir naître un nouveau type d’Eglise : elle naît en dehors de Jérusalem, suscitée uniquement par la prédication de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint. Et ce ne sont plus Pierre et Jean qui sont envoyés, mais Barnabé ; parce que c’est un homme droit et rempli de l’Esprit, Barnabé y reconnaît l’œuvre de Dieu et donne sa caution à ce nouveau type d’Eglise ; il va même chercher Paul à Tarse, et tous deux animent cette nouvelle communauté une année durant.

          L’étape décisive dans l’extension de l’Eglise va être franchie par une mission en Asie Mineure dont l’Esprit-Saint prend directement l’initiative. C’est l’Esprit-Saint lui-même, qui, lors d’un culte, demande à l’Eglise d’Antioche d’envoyer Barnabé et Paul.

          La façon d’envisager la mission prend un tournant très net. Jusqu’alors on prêchait la bonne nouvelle aux Juifs. Devant le refus des Juifs, Paul et Barnabé eurent la hardiesse de leur déclarer que, puisqu’ils repoussent la parole divine, ils vont se tourner vers les païens.

          On mesure le chemin parcouru, depuis la communauté de Jérusalem qui ne prêche qu’aux Juifs, jusqu’à cette ouverture de la porte de la foi aux païens par les Hellénistes conduits par l’Esprit. Cela ne pouvait que poser un problème théologique grave : on se laisse conduire par la vie dans laquelle on pense voir l’inspiration de l’Esprit. Mais, ce faisant, est-on fidèle à la pensée de Jésus ? La question devait jaillir un jour ou l’autre ; c’est ce qui se fera à Jérusalem quand Paul et Barnabé y descendront.

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3° lecture Dimanche de la 4ème semaine du Temps Pascal

Jean 10, 11-18

Ecouter et suivre le Bon Pasteur

Saint Augustin

Sermon 46, 13, OC 16, p. 274s

 

            Tous les bons pasteurs sont dans un seul et ne font qu’un avec le pasteur unique Jésus-Christ. Lorsqu’ils conduisent les brebis dans les pâturages, c’est Jésus-Christ lui-même qui les conduit. Ils ne donnent point comme leur parole la parole de l’époux. C’est donc Lui Jésus qui fait paître les brebis ; il peut dire : C’est moi qui les fait paître parce que c’est ma voix qui parle par leur bouche, c’est ma charité qui les anime. Il affermit ainsi leur charité pour consolider l’unité. C’est Lui qui fait paître ses brebis dans la personne de ses pasteurs, et les pasteurs les font paître dans la personne de Jésus-Christ. Les pasteurs cherchent la gloire, mais celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur. On fait paître les brebis pour Jésus-Christ, en Jésus-Christ et avec Jésus-Christ, lorsqu’on ne cherche pas à se paître soi-même en dehors de Jésus-Christ. Ce n’est point parce que les pasteurs devaient faire défaut, ce n’est point pour prédire des temps malheureux que le prophète, parlant au nom même de Dieu, dit : Je ferai paître mes brebis, parce que je sais à qui les confier. Les apôtres étaient encore vivants et dans ce monde lorsque l’unique Pasteur, dans lequel tous les pasteurs ne font qu’un, disait : J’ai d’autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et il y aura un seul berger et un seul troupeau. Que tous les pasteurs soient donc réunis dans cet unique Pasteur, qu’ils ne fassent entendre qu’une seule voix, celle du Pasteur. C’est Lui seul que les brebis doivent suivre, et non celui-ci ou celui-là, et tous les pasteurs unis en Lui doivent tenir le même langage, ne point enseigner de doctrine différente. Je vous conjure, disait l’apôtre Paul (1 Corinthiens 1,10), d’avoir tous un même langage, et de ne point souffrir de divisions parmi vous. Cette voix pure de tout schisme, éloignée de toute hérésie, doit être entendue par des brebis qui suivent leur Pasteur, comme il l’a dit lui-même : Mes brebis entendent ma voix et me suivent.

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2° lecture Dimanche de la 4ème semaine du Temps Pascal

Actes 12, 1-23

Exécution de Jacques, le frère du Seigneur

Saint Jean Chrysostome

Sermon 26 sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 98s

 

            Quelle est cette époque dont l’auteur des Actes des Apôtres parle au début de la lecture de ce jour ? Celui qui venait immédiatement après. C’est ainsi qu’il faut l’entendre dans ce texte. Lorsque Matthieu dit, par exemple : En ces jours-là, Jean vint prêcher (3,1), il ne désigne pas les jours qui suivent, mais bien ceux où s’accomplit l’événement qu’il va raconter. Tel est l’usage des Ecritures ; parfois la narration ne laisse pas de lacune, parfois elle se transporte à des faites éloignés comme s’il n’existait pas d’intervalle. C’est avec raison qu’il est dit : Le roi Hérode ; car ce n’est plus celui qui est nommé à l’époque de Jésus.

          Voici donc surgir une autre épreuve. Observez de quelle façon les choses se compliquent, ainsi que je vous le disais au début ! Ce ne sont plus les Juifs, ce n’est plus le conseil de la nation, c’est un roi maintenant qui persécute les disciples. Plus grand est le pouvoir, plus redoutable sera la guerre, surtout parce qu’il cherche à plaire aux Juifs. Il fit mourir par le glaive Jacques, le frère de Jean. C’est sans but et comme au hasard. Si quelqu’un nous demande pourquoi Dieu permit cela, nous répondrons que ce fut pour les Juifs eux-mêmes : d’abord pour bien leur montrer que la mort n’était pas un obstacle à la victoire, comme on l’avait vu dans le martyre d’Etienne ; puis, pour leur inspirer la pensée de revenir de leur frénésie après en avoir suivi l’impulsion ; enfin, pour qu’il fût évident que ces choses mêmes arrivaient parce que Dieu les avait permises.

          Voyant que cela plaisait aux Juifs, il résolu aussi d’arrêter Pierre. Etrange et multiple fureur ! Devait-il donc se les rendre favorables par des meurtres inutiles et sans motif ? C’était le jour des azymes. Vaines prétentions que celles des Juifs ! Bien loin d’empêcher de tels crimes, ils les commettaient durant ces jours sacrés ! Après l’avoir saisi, il le jeta dans une prison, le confiant à quatre troupes de soldats, composées de quatre hommes chacune (3,4). Là se trouvent mêlées la rage et la peur. Vous l’avez vu : Il fit mourir par le glaive Jacques, le frère de Jean. Avez-vous remarqué le courage des disciples ? Pour qu’on ne prétendît pas qu’ils affrontaient la mort sans crainte en l’affrontant sans péril, vu que Dieu les en délivrait, Dieu permit qu’ils fussent réellement immolés, apprenant de la sorte aux meurtriers que ce moyen même n’arrêterait, ni n’entraverait le ministère.

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Samedi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 11,19-30

le nom de chrétiens

Père Piere Bockel

Antioche, Bible et Terre Sainte, n° 128, Février 1971, p. 5s

 

          D’après le livre des Actes des Apôtres (11,26), c’est précisément à Antioche, vers l’an 44 après Jésus-Christ, que les disciples de Jésus reçurent le nom de chrétiens (christianoi, en grec). Ce ne sont pas les Juifs qui sont à l’origine de cette appellation, car ils nommaient les disciples Nazaréens (24,5) et ne pouvaient pas appliquer le nom de Christ à des gens avec lesquels ils étaient en désaccord sur la question du Messie, terme que le grec traduit par Christ. D’après l’interprétation la plus courante, ce sont les païens d’Antioche qui, entendant les disciples parler de Christos, l’ont compris comme un nom propre, celui du fondateur de la nouvelle secte (28,22). Il est d’ailleurs curieux de constater que, dans le livre des Actes des Apôtres, le second emploi du terme chrétien est placé dans la bouche du roi Agrippa au moment de son entrevue avec Paul (26,28).

          Dans le Nouveau Testament, on ne retrouve que trois fois le nom de chrétien, mais il est frappant de le rencontrer chez les historiens latins. Tacite (Annales XV,44) utilise ce terme à propos de l’incendie de Rome sous Néron (64 après Jésus-Christ) : Pour anéantir la rumeur, celle d’un incendie allumé par l’empereur, Néron supposa des coupables et infligea des tourments raffinés à ceux que leur abomination faisaient détester et que la foule appelait Chrétiens. Ce nom leur vient de Christ qui, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice ». Ainsi, dans la Rome des années 60, le peuple appelle les disciples de Jésus chrétiens, et parce que l’on ne comprenait pas le sens du mot Christos, on l’a confondu avec celui de Chrestos qui signifie bon.

          Au témoignage de Tacite, on peut ajouter celui de Suétone (Vita Claudii, XXV) qui fait allusion à une décision prise par l’empereur Claude, vers 49 ou 50 : Comme les Juifs se soulevaient continuellement à l’instigation d’un certain Chrestos, il les chassa de Rome (voir les Actes 18,2) : abordant le règne de Néron, il donne cette précision : « On livra au supplice les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse (Vita Neroni XVI) ». Le terme de chrétiens était donc connu à Rome et largement répandu entre les années 50-60.

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Vendredi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 10,34 – 11,4+18

le discours de pierre chez corneille

Père Pierre Debergé

Avec Pierre et Paul en suivant les Actes des Apôtres, p. 49s

 

          Répondant à la requête de Pierre qui veut savoir pour quelle raison il l’a fait venir, Corneille évoque alors sa propre vision et comment, sa prière ayant été exaucée, il est prêt, avec ceux qui l’entourent, à écouter tout ce que le Seigneur a chargé Pierre de leur dire. Suit un long discours où Pierre reprend les éléments du kérygme. Mais, s’adressant pour la première fois à d’autres qu’à des Juifs, il reconnaît d’abord la vérité qui vient de s’imposer à lui : Je me rends compte en vérité que Dieu n’est pas partial, et, qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui.

          Reconnaître cela, c’est affirmer non seulement que les païens ne doivent plus être considérés comme impurs, mais qu’il existe, en dehors du peuple de Dieu, des hommes et des femmes dont Dieu agrée la conduite et la piété. Comme le montre la déclaration de Pierre qui suit, si ce constat n’annule pas la priorité historique accordée par Dieu au peuple élu, l’offre du salut en Jésus-Christ concerne désormais tous les hommes. Cette universalité du salut a pour fondement historique l’événement Jésus-Christ. Son rappel occupe la suite du discours de Pierre.

          Plus que les discours précédents, Pierre y résume les grandes lignes du ministère de Jésus et sa destinée inséparablement tragique et glorieuse. Evoquant le ministère galiléen de Jésus, deux points sont plus particulièrement soulignés : Dieu lui avait conféré l’onction d’Esprit-Saint et de puissance ; il guérissait tous ceux que le diable tenait asservis, car Dieu était avec lui. On retrouve ensuite, à propos de la croix, la même expression qu’en 5,30, et, au sujet de la résurrection, celle que Luc avait utilisée dans l’évangile : Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Mais, davantage que dans les autres discours, Pierre insiste sur l’importance du témoignage confié aux apôtres.

          Renouant avec l’affirmation du début, la finale du discours reflète une nouvelle fois l’ouverture dont Pierre vient de prendre conscience : le pardon des péchés est accordé à quiconque croit en Jésus-Christ. Voilà qui fait tomber toutes les discriminations et met fin à tous les préalables ethnique, rituel ou social : seule la foi suffit.

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Jeudi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 10, 1-33

Pierre a joppe

Père Marc Rastouin

Simon-Pierre dans le Nouveau Testament, p. 147s

 

          Que dire du récit par Pierre de sa vision ? Pierre prie. Nous connaissons l’importance de la prière chez Luc. Luc insiste qu’une extase lui vient, pas que Pierre a eu une vision : il veut insister sur l’initiative divine. En effet, Luc ne peut faire appel aux Ecritures pour justifier l’abandon des lois alimentaires. Il ne peut que faire appel à une intervention directe de Dieu dans la communauté. Comme Jésus à son baptême et Etienne lors de son martyr, Pierre voit le ciel ouvert. C’est dire l’importance de l’événement. On note le comme qui signale en quelque sorte l’impuissance du langage : comme une grande toile. La protestation de Pierre rappelle celle d’Ezéchiel où le prophète refuse également de consommer un aliment impur : Ma vie n’a jamais été souillée dans l’impureté, jamais je n’ai mangé d’aliment impur.

            Au cœur du texte se trouve une sentence qui vient de Dieu. On voit aussi que, derrière la question des animaux impurs ou pas, se trouve la question des hommes, des êtres humains : il s’agit en définitive de l’acceptation de tous les hommes dans l’alliance. Les interdits alimentaires jouent un rôle important dans la compréhension qu’Israël a de sa mission et de sa vie. D’ailleurs on ne peut qu’être frappé qu’à Jérusalem, les critiques ne disent pas : Quoi ? Comment ? Tu as baptisé des païens !, mais bien : Tu es entré chez des hommes incirconcis et tu as mangé avec eux ! On notera du coup l’importance d’un petit verset qui pourrait passer inaperçu. Avant même la rencontre de Pierre et de Corneille, il est dit : Pierre les fit alors entrer et leur donna l’hospitalité. Le lendemain, il se mit en route et partit avec eux ; quelques-uns des frères l’accompagnèrent. Pierre a déjà accepté de loger des non-juifs chez lui, ou plutôt chez son homonyme Simon le tanneur, lequel est certainement juif. D’une certaine manière, il a déjà fait tomber la barrière que l’Esprit va spectaculairement faire tomber peu après.

            Pierre cependant continue à réfléchir ; rien de moins que l’Esprit pour lui mettre les points sur les i, en lui disant : Voilà des hommes qui te cherchent. Va donc, descends et pars avec eux sans hésiter : c’est moi qui les ai envoyés. Que constate-t-on à plusieurs reprises dans les Actes ? L’Esprit Saint parle à Philippe, à Pierre, à l’Eglise, à Paul, à Agabus le prophète chrétien. Toujours, c’est l’Esprit qui appelle à aller de l’avant, à l’audace, à l’évangélisation. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit, ici, plus de la conversion de Pierre que de celle de Corneille ! Ce sont les convictions de Pierre qui font problème, pas celles de Corneille.

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Mercredi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 9, 23-43

le roc de la foi

Père Divo Barsotti

Les Actes des Apôtres, p. 233s

 

          La foi en Christ est une vérité si infiniment grande que l’intelligence de l’homme demeure éblouie de sa lumière, et que la volonté est comme déchirée, mise en pièces, malgré la dureté de son orgueil. Si la prédication chrétienne s’en tenait seulement à affirmer vigoureusement que le Christ est le Fils de Dieu, cela suffirait.

          La parole de Paul, comme celle de Pierre, ne dit pas autre chose, mais cette parole est le fondement de l’Eglise. C’est seulement si Dieu s’est réellement fait homme et est entré dans notre vie, que l’homme peut encore espérer. C’est seulement par l’intervention positive d’un Dieu qui nous rejoint et nous saisit, et, par qui, nous nous sentons saisis, que l’homme peut être sauvé. Aujourd’hui encore, Dieu ne se rend présent à l’homme que dans cette même foi : un homme a habité autrefois sur la terre, a marché sur les routes de ce monde, a vécu notre vie, est mort de notre mort, et cet homme était Dieu. La vie est une aventure qui n’a pas de sens si Jésus n’est pas le Fils de Dieu.

          Saul n’a pas rougi de le proclamer, et c’est là sa grandeur. Pensons à ce que cela représentait pour lui : dans l’acte même où il affirmait que Jésus est le Fils de Dieu, il se chargeait du poids de la responsabilité de l’avoir condamné et tué.

          Le Fils de Dieu ! Il fallait toute la puissance de l’Esprit pour proclamer semblable vérité. Certainement la foi de Paul est plus grande que n’importe quel miracle. Si l’homme peut croire qu’un Dieu s’est vraiment fait homme, alors toute la vie de l’homme est déjà transformée.

          Aucune menace n’ébranle Saul de Tarse. Sa vie sera un miracle continuel : persécuté, flagellé, jeté à la mer… Parmi les menaces et les dangers de tout genre, Saul se meut tranquillement avec une liberté et une force merveilleuses. Rien ne l’arrête. C’est proprement parce qu’il s’appuie sur le roc de la foi que sa vie a trouvé son fondement sûr.

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Mardi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 9, 1-22

la conversion

Saint Augustin

Lettre 185 à Boniface, OC 5, p. 561

 

          Mon âme a soif du Dieu vivant, quand irai-je et apparaîtrai-je devant la face du Seigneur ? Le seul bien que désire l’homme qui prie avec ces versets de psaume est d’être uni à Dieu ; la privation de ce bonheur suprême, le seul retard d’en jouir est le plus grand supplice qu’il redoute. Et pourtant beaucoup avant de devenir de bons fils et de dire : Nous désirons être délivrés des liens du corps et nous unir avec Jésus-Christ (Philippiens 1,23), beaucoup de mauvais serviteurs, tel Saul, le futur Paul, ont besoin d’être appelé par le Seigneur.

          Qui peut nous aimer plus que Jésus-Christ qui a donné sa vie pour ses brebis ? Cependant quoiqu’il eût par sa parole seule appelé à lui Pierre et les autres disciples, quand il voulut gagner Paul, auparavant Saul, pour faire un grand propagateur de son Eglise de celui qui en était auparavant un des plus terribles persécuteurs, il n’eut pas seulement recours à la voix, mais il le renversa avec violence ; et pour forcer cet ennemi farouche, plongé dans la cruauté et les ténèbres de l’infidélité, à désirer la lumière du cœur, il le frappa de cécité. Si ce n’eut pas été un châtiment réel, Saul n’aurait pas été guéri plus tard, et si ses yeux, qui tout ouverts ne voyaient plus rien, avaient été sains, il n’aurait pas fallu, comme le dit l’Ecriture, qu’Ananias, par l’imposition de ses mains, fit tomber des yeux de cet aveugle les écailles qui les couvraient. Dieu propose parfois de façon forte, comme pour Saul, mais la réponse est donnée librement, volontairement. Saul a accepté de rencontrer Ananie, sa cécité a disparue. Du coup, Saul a reçu un enseignement qui l’a consolé pleinement. N’est-ce pas une chose merveilleuse que celui qui a été ainsi retourné, converti à l’Evangile, plus fortement que ceux qui avaient été appelés par la seule parole du Sauveur, tels les apôtres qui suivirent Jésus durant sa vie terrestre ? Sa charité a été d’autant plus parfaite, d’autant plus capable de chasser toute crainte, que la crainte qui l’a poussé à la charité, à l’amour du prochain, a été d’autant plus grande et plus forte.

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Lundi de la 3ème semaine du Temps Pascal

Actes 8, 26-40

la revelation

Bienheureux Père Séraphim Rose

La révélation de Dieu au cœur de l’homme, Internet

 

          Dans cette rencontre entre Philippe et l’eunuque éthiopien, on trouve plusieurs éléments mystiques : l’ange dit à Philippe où aller, de même pour le baptême ; après le baptême, l’Esprit du Seigneur emporte Philippe. Mais ce n’est pas ça qui a donné à l’eunuque le désir de recevoir le baptême. Quelque chose d’autre l’a influencé, non un miracle, mais quelque chose dans son cœur. Même si parfois ils peuvent aider à venir à la foi, les miracles ne sont pas la vraie raison qui pousse à devenir chrétien.

          Quand Philippe parle à l’eunuque, quelque chose change dans le cœur de l’eunuque. Il est dit dans les Actes que l’eunuque vient à croire, c’est-à-dire que son cœur a été modelé par la vérité qu’il a entendue. Les paroles de l’Ecriture sont très puissantes, et, quand la bonne interprétation leur est donnée, quelque chose dans le cœur humain s’ouvre et il est prêt. Ainsi l’eunuque accepta le Christ avec toute son âme : il était un homme nouveau. Ce n’est pas pour les miracles, mais pour ce que le Christ est venu apporter dans le monde.

          Nous voyons comment ce qui est appelé Révélation nous est donné : le cœur se meut et change en présence de Dieu par quelque chose qui est remplie de l’Esprit-Saint, par l’écoute de la vérité que Jésus prêchait. C’est en acceptant toutes les situations qui peuvent nous être données de vivre, avec un cœur aimant, que l’on rencontre Dieu. Ce cœur aimant est la raison pour laquelle n’importe qui parvient à la connaissance de la vérité, même si Dieu doit parfois briser et humilier un cœur pour le rendre prêt à Le recevoir, comme dans le cas de Paul qui avant de rencontrer le Seigneur crachait du feu et persécutait les chrétiens. Pour Dieu, le passé, le présent et le futur du cœur de celui de l’homme sont tous présent en même temps, et il voit où il peut percer et communiquer.

          La bonne approche de Dieu se trouve dans le cœur humilié, souffrant, persuadé qu’il existe, quoiqu’il arrive une vérité supérieure qui, non seulement peut aider cette souffrance, mais aussi l’amener dans une dimension spirituelle ; ce passage de la souffrance à la vérité transcendante reflète la vie du Christ, lui qui a connu la croix, qui a enduré la mort la plus ignominieuse qui soit, mais qui, après sa résurrection  d’entre les morts, est monté au ciel et nous a envoyé d’en-haut l’Esprit, inaugurant ainsi toute l’histoire de son Eglise.